Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Gourmandise et vilains défauts
Archives
22 janvier 2007

Carine se souvient de son premier accouchement

C’est le printemps, les 40 ans approchent à grands pas et les derniers bébés d’avant ménopause voient le jour. Carine assiste avec nostalgie à l’arrivée tardive du petit troisième de ses copines. Contrairement à ces demoiselles, notre amie a eu l’excellente idée de faire ses trois enfants les uns à la suite des autres. Avouons le tout de même : l’idée n’est apparue excellente qu’après quatre ans, au début c’était plutôt le cauchemar ! Bref, les souvenirs de maternité sont loin et les nourrissons sont craquants.

Les pleurs si particuliers de ces petits êtres tout roses et potelés vont véritablement fondre notre bonne amie. De fait, une pensée saugrenue lui traverse l’esprit : « Et pourquoi pas un quatrième ? ». Après tout Sharon Stone est encore splendide à 50 ans, ça nous laisse 10 ans pour redevenir une femme à part entière ! Le challenge est acceptable.

Un doute envahit alors notre très chère Carine durant plusieurs jours.

Malheureusement, il est très vite évincé. Car, comme vous pouvez vous en douter, le mari n’adhère pas spécialement à sa vision des choses. Replonger dans les couches, les rhinos, les nuits sans sommeil et sans sexe n’est pas vraiment ce qu’il avait prévu pour les années à venir.

Nous ne vous cacherons pas non plus que la vision des copines de notre amie défigurées par les cernes de fatigues et à la libido proche de zéro, lui fait un peu peur.

C’est pourquoi, après mûre réflexion, Carine décide définitivement de ranger « le petit quatrième » dans la case fantasme.

Cependant, la nostalgie prend le dessus et Carine se laisse couler lentement vers les souvenirs heureux de son premier accouchement.

Nous sommes en 1997, le mois de Février est d’un glacial déprimant. Malgré tout, notre amie est en pleine forme, encore quelques semaines et la grossesse ne sera plus qu’une lointaine expérience. Carine plane sur son petit nuage. En effet, il est important de préciser à toutes celles qui n’ont pas de gentils petits anges sous leur responsabilité, l’état assez étrange dans lequel évolue une femme enceinte. Cette dernière est loin de se douter des semaines qui vont suivre et l’optimisme prévaut sur toutes les angoisses. On épluche les manuels de maternité,  on craque sur les petites tenues en taille 3 mois. (Complètement inutile on est bien d’accord, les débuts c’est pyjama, body, et la salopette fournie par la belle mère pour la photo !). En résumé, la femme enceinte vit sur une autre planète. Même si, durant certains dîners, elle a pu écouter avec attention les récits détaillés des problèmes post accouchements de ses comparses. Qui, d’une part ne sont pas des plus encourageants et d’autres part, ont tendance à faire hérisser le poil de nos jeunes femmes novices en la matière !

Malgré cela, la femme enceinte reste un modèle de sourire constant et inébranlable.

Carine en est l’exemple parfait. C’est donc avec le cœur léger qu’elle se rend à sa visite hospitalière de routine.

Un petit tour au secrétariat, un autre sur la balance, trois gouttes sur la bandelette et elle est prête pour l’auscultation.

L’évènement approche, le col est ouvert. On conseille alors à Mademoiselle de surveiller les contractions et d’appeler en cas d’urgence.

Trois jours se passent dans un climat légèrement tendu. Le mari s’inquiète, les grands parents s’impatientent, les copines s’excitent et notre amie s’essouffle.

Jeudi 13 Février, il est six heures, le chrono indique à notre charmant couple qu’il est temps de quitter l’appartement avec le sac approprié.

On prévient rapidement l’hôpital puis on s’engouffre dans un taxi. Contrairement à toutes les idées reçues, il accepte la course. Il est d’ailleurs assez excité par le principe et se prend pour Fangio. Nos deux tourtereaux tentent bien de lui expliquer qu’ils ne sont pas si pressés, le bébé ne va pas arriver dans la minute, mais notre singulier chauffeur tient à faire plaisir à la jeune femme.

Que faire ? La gentillesse est un luxe dont on ne peut se priver. Carine et son mari baissent alors les bras et se laissent porter ou plutôt ballotter par ce taxi hors du commun.

De toute façon, ils n’avaient pas le choix, son prince charmant n’ayant pas son permis, il n’était pas question qu’elle prenne le volant. (On a beau être contre les clichés, la femme enceinte conduisant son mari à l’hôpital pour accoucher, ça ne se fait pas !)

Quelques minutes plus tard (le petit rallye en plein Paris de bon matin n’a pas été inefficace), Carine se présente à la salle d’accouchement, accompagné par un mari de plus en plus livide.

Le personnel entraîné pour ce genre de situation, prend en charge aussitôt l’élément masculin et lui indique avec calme et douceur où se trouve la machine à café. Il lui précise qu’ils vont installer sa très chère femme sur un lit confortable, il pourra la rejoindre dés qu’il le souhaite.

Pendant ce temps, notre amie suit avec sérieux les instructions des artisanes du bonheur puis s’allonge dans cette pièce chauffée à 40 ° en prévision de l’arrivée du futur petit être.

On lui pose les fameuses électrodes qui font « bip bip » (heureusement à l’époque « LOST » n’était pas encore diffusé sur nos chaînes câblées. Elle n’était donc pas stressée par l’idée d’avoir à appuyer sur le bouton toutes les 108 minutes !). Puis on la rassure en lui certifiant qu’elle peut à tout moment les contacter pour avoir sa dose de péridurale.

Vous savez, cette grande aiguille que l’on vous enfonce délicatement dans le dos, sensée (lorsqu’elle est injectée au bon moment et de la bonne manière) vous décharger de toutes les souffrances.

Carine se sent rassurée. Son prince charmant étant revenu parmi les vivants, ils essayent tant bien que mal de passer un bon moment. Mais faut-il vous le rappeler, la chambre est une véritable fournaise et le mari, contrairement à notre amie qui est à moitié nue, transpire de tous ses membres. Il est donc particulièrement à l’aise et détendu !

A peine une heure plus tard, Carine éprouve une légère douleur au niveau du bas ventre. Respectant les consignes, elle s’empresse d’appeler à l’aide. On lui envoie aussitôt l’anesthésiste (évidemment à la blouse semi ouverte et au sourire sexy) pour lui administrer sa drogue.

Le jeune homme effectue admirablement son acte et Mademoiselle plane au 7ème ciel !

Les heures qui suivent sont particulièrement agréables pour Carine et particulièrement désagréables pour son mari. Non seulement, il subit le Hammam alors qu’il est habillé pour affronter un mois d’hiver, mais en plus il ne participe absolument pas au délire de sa femme. (La fumette à l’hôpital, ce n’est pas réellement conseillé !).

Notre jeune époux décide alors de s’octroyer une petite promenade.

Grave erreur !

Car durant ces quelques minutes, le cœur du bébé s’emballe et la panique envahit l’équipe.

En deux temps trois mouvements, mademoiselle est rasée (charmant), badigeonnée et descendue au bloc pour une césarienne d’urgence.

Nous aurons ici une pensée compatissante, pour le pauvre mari qui revient dans la pièce, le sourire aux lèvres, regonflé par sa petite promenade. Il ouvre la porte et trouve la chambre vide. Je vous laisse aisément imaginer le trouble dans lequel il est plongé à cet instant.

Heureusement, deux adorables sages femmes lui expliquent la situation, et le rassurent tout en le conduisant dans la salle d’attente. Notre courageux prince s’écroule alors dans les bras de son sympathique beau frère. (Vous êtes d’accord, c’est assez craquant la faiblesse cachée des hommes !)

Pendant ce cours laps de temps, Carine subi avec courage l’opération imprévue.

Les virtuoses de l’accouchement expédient l’acte avec une rapidité assez impressionnante. La mère et le bébé (c’est un très beau petit garçon) se portent bien et l’on propose au Papa de s’occuper du bain. Ce dernier étant complètement retourné par les précédentes émotions délègue son premier rôle de père à la sage femme se présentant face à lui.

Nous ne lui en voudrons pas, mais il n’est pas question qu’il en prenne l’habitude !

Soit, il assiste donc passivement au rituel post accouchement puis rejoint sa princesse dans la chambre.

Princesse est un bien grand mot, Carine ressemble plus à une droguée, tremblant de tout ses membres (pochette surprise de la péridurale à forte dose) qu’à la belle au bois dormant.

On laisse donc mademoiselle se reposer. Le bébé est emmené à la nurserie accompagné par son Papa.

Notre amie passe alors une nuit calme et tranquille. Malheureusement trop courte, car vers 6 heures du matin, on lui amène son charmant bout de chou pour sa première tété de la journée.

La puéricultrice les installe confortablement et notre chérubin entame son petit déjeuner.

C’est alors que la porte s’ouvre et que se présente face à elle tout le staff de l’hôpital (le médecin, la sage femme, une administrative, etc etc). Carine surprise, se dit qu’elle a gagné une nuit gratuite. Mais la puéricultrice blêmit et lui retire sans crier gare le petit être tout potelé. C’est au tour de Carine de blêmir ! Mais elle n’a pas le temps de réagir, une jeune femme au sourire coincé lui pose dans ses bras un nouveau né beaucoup moins gros et surtout plus blond !

MAIS QUE SE PASSE T’IL ?

Et oui, cela ne se produit pas qu’au cinéma, notre extraordinaire puéricultrice s’est tout simplement trompée de bébé !

Et non, Carine ne s’en est pas aperçue !

Ne la blâmez pas, ce n’est pas une mauvaise mère, même si trois bon kilos supplémentaires et une couleur de cheveux auraient dû l’alerter.

Disons que c’est l’effet kiss cool de la péridurale !

Bien évidemment, Carine s’assure qu’elle tient bien à présent dans ses bras le fruit de ses entrailles, ce qui lui est tout de suite confirmé.

On s’excuse, on lui demande de tenir sa langue et on lui prodigue jusqu’à la fin de son séjour des soins hors du commun.

Heureusement, son fils lui ressemble comme deux gouttes d’eau, le doute est écarté.

Mais quelle expérience mémorable !

Alors à toutes celles sur le point de mettre au monde un charmant petit être: nous vous souhaitons bon courage.

Et surtout n’oubliez pas, surveillez bien les jolis bracelets roses et bleus !

Publicité
Commentaires
Gourmandise et vilains défauts
Publicité
Albums Photos
Derniers commentaires
Publicité